Cette fois, nous sommes passés dans un endroit pas du tout mais alors pas du tout touristique, bien que situé dans un cadre montagnard magnifique. Difficile d’oublier le regard des villageois d’Andirin face aux étrangers migrateurs que nous sommes. Première rencontre : avec le gérant du seul café Internet… qui ne comprenait pas qu’on lui parlait turc tellement il était persuadé qu’étant étrangers, on ne parlait pas sa langue. Rencontre avec un épicier, également, qui nous demande où nous allons et à qui je répond que je vais chercher la carte dans la voiture (garée devant son épicerie). Je reviens et je le vois accroupi dans ses rayons… je commence à lui parler, pensant qu’il rangeait un produit. Et sa fille s’approche de moi en me disant : heu heu… mon père fait sa prière. Oups… Oui, un coin hyper religieux où nous n’avons pas vu une seule femme dans les rues !

fou Lui, il paraît que c'est l'idiot du village, en tout cas, il s'en fiche complétement de nous ! Aucun échange entre lui et nous. Pourtant, nous étions intéressés par son comportement de TRIEUR MANIAKO-SELECTIF !

Nous décidons alors de partir au dessus du village pour pique-niquer. Sur le chemin, un homme nous fait signe qu’il veut monter. Je ralentis, lui disant qu’on ne part nulle part, qu’on s’arrête 100 mètres plus loin. Nous trouvons notre petit coin sympa et au moment d’ouvrir la porte, on s’aperçoit que notre papy, qui courrait derrière la voiture, monte à l’intérieur. Bon, pour la peine et pour ne pas trop le décevoir on lui réexplique les choses et on lui fait faire 100m de plus. Mais plutôt que de s’asseoir sur un siège (occupé par un livre), il s’assoit sur les genoux de Sinoë ! Ouille ouille, dira-t-elle ensuite.

Nous déballons nos affaires dans un cadre idyllique, digne des alpages suisses. Sur le chemin, nous voyons passer des moutons, des chèvres et quelques villageois, à pied pour les uns, en voiture pour d’autres. Surprises, les chèvres essayent de nous voler notre nourriture ou d’entrer dans notre camion. Mais encore plus surpris, un villageois vient vers Laurence, l’air benêt, répondant « He ! » à toutes nos questions. Tu habites au village ? He… Tu vas dans la montagne ? He… Tu veux du pain ? He… Au revoir… He… Les yeux irrémédiablement fixés sur Laurence qui, bien qu’elle ait les épaules dénudées, avait tout de même une robe longue. Un peu plus tard, d’autres villageois en voiture ont ralenti avec un air d’incompréhension si marqué que Sinoë a enfilé son nez de clown pour jouer à l’idiot du village à chaque fois qu’une voiture passait. Pourquoi pas, finalement. Et ça a donné lieu à des interactions parfaitement surréalistes où Sinoë faisait l’agent de circulation en plein milieu du chemin, réclamant un droit de péage et parlant français. Peu ont saisi l’humour. Tant pis pour eux, et tant pis pour nous. Mais heureusement peut-être que les choses en sont restées là. En tout cas, nous, elle nous a fait mourir de rire… et basta la sieste.

Redescendus dans la vallée, nous nous sommes arrêtés dans une station service où nous avons rencontré un jeune homme très sympa et ouvert. Ouff… ça fait du bien. Si bien que nous sommes restés là pour la nuit, partageant notre repas et jouant au backgammon avec lui, ses amis et son père, vêtu d’un pantalon traditionnel anatolien (type sarrouel). Ce matin, les filles ont été invitées dans leur maison. Elles ont joué avec les deux filles de la maison (10 et 17 ans), très gentilles. Un rencontre riche qu’elles raconteront elles-mêmes. Moi, j’ai joué au tavla avec le patron de la station et les hommes du village nous ont rejoint. Bonne raclée pour moi… j’avoue… Et le lendemain matin, Laurence qui jusqu’à présent tenait ses distances car elle avait remarqué que dans le coin, les femmes n’étaient pas au même régime que les hommes, a brisé la glace en sortant à nouveau le tavla. Et là, le patron, entre deux clients, venait lui prodiguer des conseils et il se pourrait bien que le niveau Laurence ait monté en flèche 